samedi 13 décembre 2014

L'immigration des violettes

Photographie par Ehsaneh Bagheri tous droits réservés 

Je tenais à faire un petit billet sur une expérience qui m'a beaucoup touché ces quelques derniers mois. 
Le titre ne vous parlera peut-être pas, ou alors vous évoquera quelques poétiques images en tête.
J'ai été contacté par mon amie Ehsaneh Bagheri il y a de cela plus de six mois, cette jolie Iranienne avec qui j'avais partagé quelques conversations lors de mes années d'études à l'UFR des Arts participait à un projet de diplôme universitaire "film documentaire".
Sur le coup je me suis demandé quelles étaient ses intentions et en quoi je pourrais l'aider, il s'est avéré qu'elle souhaitait que je réalise des planches illustrées pour les intégrer dans son court métrage. 
A l'époque, je dois vous dire que les crayons n'étaient plus tellement un sujet de libération, mais plutôt proche de l'angoisse pour moi et j'ai eu beaucoup de mal à me "débloquer" le poignet, mon crayon de bois était comme rouillé et à chaque pensée du dessin cela me nouait la gorge. 
Malgré ça, j'ai vraiment été touché par son geste envers moi, la confiance qu'elle m'a accordé et surtout car je ne pensais pas pouvoir intéresser quelqu'un pour ce genre de choses un jour. 
Après avoir pris connaissance du fil conducteur du film, des choses qu'elle voulait raconter, des choses qu'elle voulait faire ressentir, je suis vraiment tombé sous le charme !
Cela a été dur, compliqué pour moi de travailler ces dessins, de les sortir de ma tête et de les poser sur la feuille blanche, parce que toutes les choses autour étaient compliquées et me faisaient du mal mais au final, je la remercie du fond du coeur car ça m'a permis de m'évader de tout ce qui n'allait pas.
Vous allez penser que j'en fais trop, mais je suis comme ça,toujours dans les sentiments dégoulinants et j'ai un coeur d’artichaut.

Dans ce court métrage, entièrement intime et personnel, Ehsaneh pose ses doutes, ses peurs et ses pensées sur son arrivée dans notre pays, confrontée seule à un monde dont elle ne connait rien.
Les distances
La douleur
Le manque
La peine
L'arrivée dans un nouveau territoire engendre l'éloignement des siens, sa famille, ses amis, ses racines, son quotidien, ses souvenirs, ses biens.
L'évocation de la carapace qui durcie au fil du temps, certains liens qui disparaissent, des blessures qui se forment.

Outre l'histoire, l'esthétique du film est aussi très importante, des plans magnifiques d'ici et de Téhéran, sa ville d'origine, des images de vie et des métaphores poétiques.

J'aimerais pouvoir vous faire partager les images mais elles ne sont pas disponibles sur le net, j'aurais dû faire ce billet plus tôt pour que peut-être d'autres personnes soient présentes aux différentes projections qu'il y a pu y avoir et en l’occurrence celle qui a eu lieu à la Bibliothèque Louis Aragon pour le Festival International du Film d'Amiens mais je n'ai pas eu forcément l'occasion de m'y mettre.

Bref, retenez son prénom et son nom, c'est une artiste qui n'a pas fini de nous épater et de nous faire voyager dans ses pensées.
Encore une fois je suis fière d'avoir pu aider et d'avoir participé un tout petit peu à ce petit bijoux de sincérité.
Merci mille fois !

faute d'images du film, je vous place quelques unes de mes illustrations ainsi que quelques phrases de l'auteure qui m'ont inspiré :)

"comme un oiseau vagabond, j'étais là physiquement mais mon esprit était à Téhéran"

"comme un oiseau vagabond, j'étais là physiquement mais mon esprit était à Téhéran"

"Mon regard n'était ni comme une Iranienne, ni comme une Française, je suis devenue ma propre patrie"

"C"était la fin de l'été et le froid est arrivé"